Jeanne d'Arc n'avait pas pu être condamnée à mort à partir de son procès. Nulle sorcellerie, nulle félonie, mais une femme aussi courageuse qu'émouvante qui se défendait de n'avoir voulu servir que Dieu et son roi. Le tribunal chrétien lui avait alors interdit de continuer à porter des vêtements d'hommes. Une vraie pucelle de combat va sur le champ de bataille en robe, apparemment. Quelque-chose comme ça.
Mais bien sûr, une fois dans sa gêole, après quelques jours, on lui vole ses vêtements de femme, et un noble anglais tente de la violer. Or elle sait que si elle se fait violer, non seulement elle perdra son honneur, mais elle finira sur le bûcher pour avoir été une fausse vierge, une menteuse et une sorcière. Alors elle remet ses habits masculins, pour éviter le viol, et finit condamnée à mort.
Blessée trois fois au combat, elle n'a pas peur de la mort, l'a déjà frôlée et côtoyé maintes fois sur le champ de bataille. Mais finir sur le bûcher, réservé aux êtres impurs, aux sorcières et aux infidèles, lui est insupportable : « J'aimerais mieux être décapitée sept fois que d'être ainsi brûlée » aurait-elle dit.
Coiffée de la mitre d'infamie, affublée d'un écriteau décrivant ses péchés, elle est brûlée vivante. Le bourreau écarte les fagots pour que le public soit bien témoin que c'est bien Jeanne d'Arc qui brûle, et ainsi tout le monde la voit nue, le corps déshabillé par les flammes. Le cardinal de Winchester avait commandé trois crémations successives pour qu'il ne reste plus rien de la jeune femme. "Tu es poussière et tu retourneras à la poussière" ne disent-ils pas en souriant ?
La suite est décrite avec précision par wikipédia :
La seconde crémation dure plusieurs heures et fait exploser la boîte crânienne et la cavité abdominale dont des morceaux sont projetés sur le public en contrebas, laissant au centre du bûcher les organes calcinés à l'exception des entrailles et du cœur (organes plus humides brûlant moins vite) restés intacts. Pour la troisième, le bourreau ajoute de l'huile et de la poix et il ne reste que des cendres et des débris osseux qui sont dispersés, à quinze heures, par Geoffroy Thérage dans la Seine.
Bien plus tard, face à la persistance de l'amour du peuple pour Jeanne d'Arc, l'Église en fit une sainte pour profiter de sa renommée, et minorer son rôle direct et indiscutable dans la crémation vivante de Jeanne d'Arc. Il aura fallu presque 500 ans pour que l'Église canonise l'héroïne qu'ils avaient fait mourir d'une des pires façons. Brûlée trois fois pour un pantalon.